samedi 6 juin 2015

Glacé, Bernard Minier

Lecture n°28 de 2015


Lecture commune #3
avec ma copine du blog




Quatrième de couverture :
"Dans une vallée encaissée des Pyrénées, au petit matin d'une journée glaciale de décembre, les ouvriers d'une centrale hydroélectrique découvrent le corps sans tête d'un cheval, accroché à la falaise. Ce même jour une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée.

Le commandant Servaz, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier l'enquête la plus étrange de sa carrière."

Mon avis :
Bon déjà vous l'aurez remarqué, pour une fois, pas de résumé personnel, je n'y arrivais pas, alors j'espère que mon avis vous aiguillera un peu plus...

J'ai bien aimé ce livre mais je reste sur ma réserve, en effet pour moi, point de thriller, mais un bon polar pour ces 724 pages. L'intrigue est bien menée, le personnage principal qui mène l'enquête est attachant, il m'a beaucoup plu, et l'auteur a une jolie plume. Ceci dit beaucoup de choses m'ont manquées :
  • dans cette histoire, il y a 2 personnages principaux : le commandant Servaz (que je n'ai pas trouvé hypocondriaque cela dit en passant...) qui mène une enquête sur les meurtres et Diane, psychologue, qui prend ses fonctions dans un hôpital psychiatrique un peu particulier. L'auteur passe régulièrement de l'un à l'autre, sans jamais (sauf à la toute fin) qu'ils aient un lien direct, et cela m'a franchement dérangé. J'aurai aimé en savoir plus sur le personnage de Diane, que devient-elle après ça??
  • le suspense n'est pour moi pas assez présent, j'attend de ce genre de livre que mon palpitant s'emballe et ce ne fut pas le cas, c'est pour cela que je le classerai dans la catégorie polar, car l'enquête policière n'en est pas moins intéressante.
  • l'arrivée d'un personnage, sorti de nul part, qui ne reviendra pas, juste pour introduire un nouveau meurtre, c'est "gros" et probablement inutile... A contrario, un personnage récurrent tout au long de l'histoire est complètement absent du dénouement et de la fin... Je n'oserais appeler ça une "erreur" d'écriture car j'ai bien trop de respect pour les auteurs, mais voilà, j'ai trouvé que cela enlève un aboutissement total du roman.
  • J'ai tout de suite soupçonné un des "méchants" et... J'ai eu raison... Ça me chagrine car j'aime bien être totalement surprise...
  • j'ai trouvé également que le côté psychiatrique de l'histoire n'est absolument pas assez exploité. L'auteur nous présente un hôpital psychiatrique détenant les plus dangereux psychopathe d'Europe, et au final, ça n'apporte pas grand chose à l'histoire alors que là, il y aurait eut, en mon sens, moyen d'inquiéter franchement le lecteur et de rajouter du suspense! Je vais être honnête avec vous, j'avais choisi ce roman à cause de "l'hôpital psychiatrique de haute sécurité" annoncé en résumé, sujet qui me passionne puisque je suis infirmière en psychiatrie depuis 9 ans, donc pour cela, ma déception fût grande. 
Je tenais en revanche, à féliciter l'auteur pour son travail de recherche. En effet, quand il décrit la psychiatrie, ces propos sont justes et il relate malheureusement d'une réalité toujours d'actualité (j'ettayerai mes propos avec des citations à la fin de cet article). Je n'ai pas non plus trouvé d'erreur dans l'emploi des divers traitement ce qui fait grand bien quand on connaît toutes les aberrations médicales parfois dites, notamment dans les séries américaines... 

En conclusion, c'est un bon polar, mais pas un thriller. Que ceux qui aiment les enquêtes policières plutôt complexes, se penchent dessus, je pense que ça peut vous plaire.


Et n'oubliez pas d'aller voir l'article de ma copine!!!! 
Je compte sur vous!! ;-)

Citations : 
"Beaucoup dans ce pays continuent de préconiser une approche qui tiendrait davantage compte des acquis de l psychanalyse, un travail de remodelage des couches profondes de la personnalité. C'est ignorer que l'absence totale de culpabilité et d'affects des grands pervers psychopathes mettre toujours en échec ces tentatives. " p 74 
"(...) Wells estimait que l'affaiblissement de l'intelligence est une conséquence naturelle de la... disparition du danger. QU'un animal en parfaite harmonie avec son milieu n'est qu'un pur mécanisme. La nature ne fait appal à l'intelligence que si l'habitude et l'instinct ne suffisent pas. L'intelligence ne se développe que là où il y a changement - et là où il y a danger." p89 
"Le vecteur du paludisme, c'est le moustique. Celui de la folie, ou du moins son vecteur préféré, ce sont les médias." p112
" Entre nous, il n'y a pas si longtemps la psychiatrie en était encore à l'âge de pierre, on se livrait sur les patients à des expériences d'une barbarie incroyable. Rien à envier à l'Inquisition ou aux toubib nazis... Les choses ont évolué, mais il reste beaucoup à faire... On ne parle jamais de guérison ici. On parle de stabilisation, de décompression..." p224 
"La loi française? Vous savez combien il y a d'hospitalisations psychiatriques forcées chaque année dans ce pays? Cinquante mille... Dans les démocraties modernes, les hospitalisations d'office sans consentement du patient sont exceptionnelles. Pas chez nous... Les malades mentaux (...) ont moins de droits que les citoyens normaux. Vous voulez arrêter un criminel? Il faut attendre 6h du matin. En revanche, s'il s'agit d'un type accusé d'être cinglé par son voisin qui a signé une HDT, (...), la police peut débarquer jour et nuit. La justice d'interviendra qu'une fois que la personne aura déjà été privée de sa liberté. (...) C'est ça, la psychiatrie, dans ce pays. Ca et l'absence de moyens, l'abus de neuroleptiques, (...)..." p226-227
"En France, quand on veut masquer les réductions d'effectifs et de budgets, on multiplie les concepts fumeux : des escroqueries sémantiques, comme l'a très justement fait remarquer quelqu'un : "démarche qualité", "projets annuels de performance", "diagnostic infirmier"... Savez vous ce qu'est que le diagnostic infirmier? Cela consiste à faire croire aux infirmiers qu'ils sont capables de poser un diagnostic à la place du médecin, ce qui permet évidemment de réduire le nombre de médecins hospitaliers." p281

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